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Titre : "Dans l'ombre"

Auteur : Frédéric Cornu

ISBN : 979-10-9511-819-0

Éditeur : Light Motiv

Photographies : Frédéric Cornu

Texte : Pierre van Tieghem

Direction éditoriale : Éric Le Brun, assisté de Élodie Collet

Design graphique : Valérie Dussart

Achevé d'imprimer sur les presses d'Escourbiac (81, Graulhet) en août 2020

Nombre de pages : 96

Façonnage : format 16,5 x 24 cm à la française, couverture 4 pages, sous-couverture 4 pages sans impression, intérieur 6 cahiers de 16 pages, dos carré cousu

Impression :
- Couverture :
bichromie noir + 1 couleur PMS recto/verso, pelliculage mat anti-rayures recto
- Intérieur : bichromie noir + 1 couleur PMS recto/verso

Types de papiers utilisés :
- Couverture :
imprimée sur Symbol Tatami White 200 g
- Sous-couverture :  Sirio Ultra Black 115 g
- Intérieur : imprimé sur Symbol Tatami White 150 g

Dans l’ombre par Frédéric Cornu

Dans l'ombre, Frédéric Cornu, Light Motiv, intérieur
Avec Dans l’ombre, Frédéric Cornu nous entraîne au cœur de l’histoire du Portrait Photographique, et le beau livre démarre avec un texte très documenté sur ce sujet de Pierre van Tieghem « Le grand livre des visages« . Le photographe a partagé pendant un an et demi le quotidien d’une association caritative dédiée aux plus démunis, et a dressé le portrait de tous ceux qui fréquentent les lieux, qu’ils soient bénéficiaires, travailleurs sociaux ou bénévoles, suivant un même protocole : drapée dans un paréo noir qui ne laisse échapper que la tête, chaque personne est photographiée en plan rapproché. Édité par Light Motiv, l’ouvrage accompagne l’exposition de la série présentée à l’Espace 36 à Saint-Omer et au CRI des Lumières, château de Luneville. Le beau livre est imprimé en bichromie, en offset encres HR-UV trame fine 240, sur papier Symbol Tatami White de Fedrigoni, au grammage de 150 g/m² pour l’intérieur et de 200 g/m² pour la couverture. Une sous-couverture sans impression en papier Sirio Ultra Black est ajoutée, l’ensemble étant façonné en dos carré cousu collé.

 

Depuis tant d’années dédiées au portrait, c’est en pleine conscience et possession de toute cette immense problématique que Cornu en prend résolument le contrepied et, tendu vers un unique objectif : célébrer le visage, décide de dépouiller à l’extrême les images de Dans l’ombre.
Rien ne doit transparaître de l’ancrage social et rien ne doit nous extraire du visage. Ni les échos du lieu qui, en glissant trop d’indices, d’une part, nous égareraient dans un récit, et d’autre part, produiraient un bruit – « de fond », précisément – brouillant la réception du visage. Le contexte (entre autres spatial) n’est pas simplement occulté, il est « neutralisé », non pas au seul sens visuel mais au sens militaire, il est anéanti. Une teinture noire en guise de fond, c’est ici une absence de fond pour bannir au-delà de l’environnement tout accident, toute anecdote, tout effet de lumière qui laisserait vagabonder notre regard. Rien pour nous détourner du visage, disions-nous. Ni les stature, carrure et corpulence qui sont absorbées, englouties dans le néant du noir. Ni le vêtement qui risquerait de stigmatiser l’appartenance sociale. Ni les mains qui feraient redondance avec les traits du visage. Ni un quelconque objet qui induirait une lecture métaphorique, trop complexe et hors de propos.
Ces composantes une à une rejetées, Cornu réussit à totalement décontextualiser ses portraits. Plus d’espace, plus aucun repère pour attacher la tête – et même au sens propre puisqu’à disparu le corps auquel elle est liée. Le visage est libéré. Mais nous en sommes prisonniers. Impossible de nous en détacher car, pour éradiquer toute esquive, pour nous contraindre à le prendre en considération, il nous fait face.

Pierre van Tinghem – Extrait de « Le grand livre des visages », pages 5 et 6